Les Crimémoires (ou l'enfance d'IcE)

Il est de ces matins où vous lever ne sert à rien.

Non pas que vous ayiez sous la main un duo de vos doux paladins à cajoler, et que la pluie dehors vous incite à vous blottir au chaud de leurs caresses.
Non, rien d'aussi agréable. Simplement, il est des matins où vous lever ne sert rien parce que, tout au fond de votre conscience -pour que que vous en ayiez une, même si elle est aussi limitée que l'intelligence qui règne au fond d'une noix de kiola-, tout au fond de votre conscience, vous SAVEZ déjà.

Oh, ne vous y trompez pas, malgré toutes vos précautions, toutes vos ruses, vous SAVEZ qu'il est certaines choses qui ne peuvent être changées.
Et qui restent, définitivement, indélébiles marques du destin sur le vélin de votre âme.

Je n'ai gardé que peu de souvenirs de mon enfance. Ne nous cachons pas la vérité, si je le pouvais, je n'en garderai aucun. Les images qui me viennent à présent sont plus souvent tirées de la mémoire d'un vieux chat fornicateur qui joue encore et toujours les séducteurs. Belle performance, bel esprit pour celle que certains appellent avec déférence "grande thaumaturge". Ma mémoire est celle d'un chat !
Mais reste toujours imprimé en moi le souvenir de ce terrible matin, le matin où j'ai dit adieu à l'odeur d'épices de ma peau cuivrée, à la caresse de mes cheveux de neige. Le matin où je fus appelée.

Le Crimoire, fidèle transcripteur des pensées de sa maîtresse, faisait vibrer ses pages dans un crissement sec qui rappelait quelque peu celui d'un pas lourd sur de la neige tassée. IcE, les yeux dans le vague, poursuivait le fil élimé de ses souvenirs.

"iCe ! Lève toi, petit ver ! Tu as treize ans et il n'est pas bon de rester là à paresser ! Livres, contes et magies ne sont pas pour toi ! Debout, pucelle, les orques nous attendent, et, avec toi à mes côtés, pour sûr qu'il va en venir quelques uns bien décidés à t'outrager ! Cela va être une bonne journée !"

Je détestais ma nourrice la vieille Sharkys en ces moments là. Je détestais sa voix rauque et cassée qui accentuait la consonne centrale de mon prénom, et qui me faisait penser qu'elle m'appelait comme elle appelait son chien iKo. Dans sa bouche, la douceur glissante du c devenait dure et j'entendais alors niKe, piKe, biKe et autres moKeries...
Je détestais... par les étoiles et les comètes qui brillent comme l'espoir que j'ai au coeur... je détestais avant tout me lever le matin !

Je détestais la vieille Sharkys, mais il faut avouer que lorsque vous avez presque 500 ans, même pour un chat de sorcière, cela fait pas mal de rhumatismes qu'il a fallu chasser de vos os... Mais cette longue vie vous apprend certains tours, dont tous ne sont pas totalement inutiles. J'étais d'venu le pro pour m'cacher sous les coussins le matin, car j'déteste avant tout m'lever le matin. La p'tite IcE l'a pas encore compris l'truc, elle fera pas d'vieux os, moi j'vous l'dit.
Bon, être chat de sorcière, ça vous a appris certains trucs totalement inutiles dans la vie d'un CHAT, vous m'comprenez ? La lecture, l'écriture, pet de souris que tout ceci ! Surtout quand vous jouez l'rôle du LIVRE.
J'a jamais aimé la lecture. Mais, même si comme moi vous appréciez pas trop d'étudier - c'est plus rigolo de courser les minettes et les souricettes dans les cuisines, hein ? - prenez soin des livres, par mes moustaches ! Maitresse disait toujours qu'il faut jamais laisser un livre ouvert, ça finit par les abimer... Alooors, qui c'est qui pourrait m'expliquer c'que j'fais là, les pattes écartées, avec ce trou qui m'picotte dans la poitrine ? Et ça m'déchire le coeur qu'ils m'aient laissé tout seuls, mes maitres. Un truc urgent, qu'à cause de Cataclysme qui mimine. J'la connais pas, cette drôlesse ! J'aimerai bien connaitre la Cataclysme miminant, ça m'excite, tiens ! Mince, c'est qu'ça m'picotte sévère, poil de chien qui pue !

Les yeux jaunes de Farenheit se fermèrent un instant, alors que le rusé matou se contorsionnait dans la douleur. Ligotté, le poitrail incisé au niveau du coeur, ce n'est pas une posture confortable a long terme. A bien y réfléchir, à court terme non plus, car vous ne pouvez guère vous lécher là où c'est d'habitude le plus nécessaire. Et le plus agréable aussi, remarquez... Non que Farenheit songeât à sa toilette à l'instant présent, qu'elle fût ou non agréable. Et puis, sa bonne éducation, encouragée par quelques coups de pieds persuasifs, lui avaient appris qu'il est certaines léchouilles qu'il vaut mieux faire en privé. Enfin, c'est à dire qu'il vaut mieux les faire lorsque vous vous trouvez à une distance suffisante d'une comète de glace un peu trop mûre. Ca tombe vite, et ça fait mal, les comètes bien mûres.

MeeeeoOOOOwwwW !
La plainte prenait un ton lugubre dans le vaste logis déserté par le personnel de la Dame et de son amant sombre.

"Shashat .. .? Shaaasha !!
- Par l'enfer et les pires tortures de l'épilation, v'là la Shasha, bien ma veine, j'vais pas pouvoir agoniser tranquille ! J'm'en vais m'embarquer sur un raffiot si j'me tire de là, les deux rations de pâtée qu'on me donne ici valent pas tout ce que j'endure. Et puis, s'rait temps d'mettre les bouts vite fait, ya la Minouche qu'a grossi un peu, qu'elle miaule a tout l'monde qu'c'est moi qui l'ai mise dans l'embarras, Meow ! D'abord faisait nuit quand qu'ça s'est passé, et que j'la surprise, pas prouvé du tout qu'ce soient les miens, les miaulards qu'elle a dans l'ballon. Pour sûr, si j'me tire de là, j'm'embarque sur un raffiot, y aura toujours de bonne souris a grailler. Par l'enfer des bains du début de mois, la Shasha, j'crois bien qu'elle m'a vu, et j'va pas pouvoir lui griffer les paluches, attaché que je suis ! J'l'aime pas, la Shasha ! MeeeoOOOowwwW ! Elle a mon âge, 5 ans bien tassés, mais elle aime trop s'amuser a m'tirer les moustaches et à me suspendre par la queue. Pas la peine d'essayer, le truc de se faire attrapper la queue, croyez moi, ca vaut rien de bon. Et puis, la Shasha, j'ai beau la griffer, sa peau l'est plus coriace que l'cuir des fauteuils du boudoir... Bah, allez pas croire et raconter que JE griffe les fauteuils du boudoir, hein ? Personne vous croirait. Rapport que j'a pas l'droit d'monter sur ces fichus fauteuils, hein ? Alors, comment que j'les grifferai SANS monter dessus, hein, malins qu'vous êtes. C'est surement un coup d'la Shasha. C'est une ogre, la Shasha. On l'appelle comme moi, sauf que mon vrai nom c'est pas chachat, c'est Farenheit. Faut dire que l'autre pauvresse, elle sait rien dire d'autre que Shasha. La Shasha, on a failli la manger en SAUCE HIER. En SAUCIERE, enfin, j'sais plus trop. Bah, j'dormais d'une oreille, la Shasha elle finira jamais SORCIERE, rapport qu'elle a pas deux pintes de lait en poudre dans la cervelle. Même pas capable de faire le mort pour chopper les souris. Enfin, les souris, elle les croque mieux qu'moi, sacré dents qu'elle a la Sharkys. Maitresse dit "Shark'Kiss", l'baiser du requin, mais pour sûr qu'les requins z'ont pas envie de se faire embrasser par cette Shasha la !
MeeeeooOOOwwW ! GaFFFffffshhH ! Shshshs ! Frott'frtttt'pikkkkk' !"

La petite Sharkys était une enfant très jolie, si l'on oublie qu'elle était un peu forte pour son âge, et qu'elle aurait pu vous broyer quelques doigts avec les siens. S'entend, si elle avait eu ses doigts à elle disponibles pour serrer les vôtres, mais vous étiez plutot tranquille, en général. Car ils étaient préférentiellement fourrés le plus souvent au fond de son nez. Curieuse, elle tenait apparemment à bien en explorer les cavités, avalant sans pitié les imprudents déchets y ayant élu domicile.

"Shasha ? Bobo ?" s'enquit-elle aimablement, attrapant la malheureuse bestiole par la queue, mais il faut que vous compreniez qu'à cet âge innocent on tient énormément à son doudou. Surtout lorsque l'on est une fillette sensible et que votre doudou est tout sale et déchiré.
Rompant sans peine les liens de Farenheit, Sharkys repartit fièrement vers le salon dans le crissement aigu de griffes sur du marbre inrayable. C'est que Sharkys avait des travaux de couture à faire, et les aiguilles sont si petites, qu'il lui fallait toujours s'y reprendre a plusieurs fois. Mais on ne laisse pas son pauvre doudou déchiré, pas vrai ? Sharkys était une petite ogresse on ne peut plus appliquée et attentive.
"Shasha, tu bouges trop !"
Une petite baffe claqua, et tout se brouilla dans le crâne de Farenheit, apportant un peu de paix à ce gentil matou.

bravo Ice

Pauvre matou !! que de tortures il subi, mais quand va t-il se venger ??
(continue IcE nous sommes suspendus à tes lèvres... eu tes mots plutôt)

Bah au lèvres aussi... Sinon je ne me plaindrais que de la complexité du texte... un peu plus aéré et plus précis en début de partie (Qui (le chat ou la sorcière ou le paladin) où? quand? bref de quoi s'y retrouver un peu... c assez dur là...) Bon sinon je trouve bizare qu'un chat avec les tripes à l'air ai des pensées sur ces choses... enfin... tout les gouts sont dans la nature il parait... (Je l'avais bien dit... je suis trop critique et puriste)
Sinon, continue franchement c des bonnes histoire que tu nous fait...
Et pour mes critiques c plus des conseils que des reproches (ne le prend surtout pas sous cet angle) adapte ce que tu peux en fonction de ta patience lol... et n'hésite pas à revoir tes textes et à les éditer pour changer la mise en forme (c ce que je fais souvent.... fautes d'orthographe et présentation ou tournures de phrases)
Voili voilou ^^